Je suis chef d’entreprise et cela fait maintenant un mois que j’utilise au quotidien ChatGPTPlus, plus particulièrement GPT-4. Je maintiens mes propos lors de mon précédent post sur l’impact hallucinant que GPT va avoir sur mon secteur d’activité. L’idée de ce post n’est pas d’être alarmiste cette fois-ci, mais de faire un petit état des lieux sur ce que j’ai testé, pratiqué mais aussi des réactions que j’ai constatées autour de moi et dans mon équipe.

Prompt Engineer

Bon, déjà, hot take : créer des prompts est loin d’être simple (c’est l’un des points que je vais détailler dans la section Mépris). Je conçois maintenant que cela puisse devenir un métier à part entière.

Voici ce que j’ai fait avec GPT-4 depuis 1 mois :

• rédaction de conditions générales de vente d’un produit SaaS [juridique]
• rédaction de courrier d’accompagnement administratif [administratif]
• rédaction de tests techniques débutant/intermédiaire/confirmé/experts pour le recrutement de dev [technique]
• rédaction de support de formation [technique]
• rédaction de mail [commerce]
• rédaction de nouvelle approche de prospection avec variations de wording en fonction de paramètres [commerce]
• application mobile interne* à Coddity de A à Z (en cours de déploiement sur les stores) en React Native (jamais fait de React avant) [technique]
• passage de coding game pour la déconne [technique]
• refactorisation et amélioration sur l’un de mes vieux code [technique]
• rédaction de tests unitaires sur un projet qui n’en avait pas [technique]
• formatage de données [technique]
• nouvelle feature intégrant OpenAI sur l’un de nos produits internes (ginto)

Vous l’aurez remarqué, mon utilisation est très variée. C’est devenu pour moi un outil, comme un autre, intégré dans mon “workflow” personnel.

La vérité, c’est que les résultats de ces différentes tâches n’étaient, au départ, pas fameux. Il a fallu que j’expérimente beaucoup (mais vraiment beaucoup) pour arriver à des résultats performants et exploitables. La bonne nouvelle, c’est que, que le sujet soit juridique / admin / sales / technique, toute avancée que vous identifiez dans l’élaboration des prompts dans un des domaines vous sert dans les autres. Et j’obtiens maintenant des résultats très performants du premier coup pour toute nouvelle tache. Les données du prompt, le contexte à créer, les exemples à donner garantissent l’efficacité.

Ma productivité au quotidien s’en est retrouvée vraiment améliorée.

Mépris

Maintenant, les réactions, en particulier dans mon secteur : développement logiciel, infra et autres joyeusetés dans lequel vous recevez une proposition de recrutement par jour car il manque 40% de ressources sur le marché. Je vois 3 catégories de personnes :

• Ceux qui sont convaincus : ils ont utilisé, ils ont expérimenté, ils comprennent le fonctionnement, et l’intègrent à des degrés divers dans leurs taches
• Ceux qui rejettent : ils ont essayés, ils n’ont pas expérimentés, et rejettent avec à minima de l’indifférence, mais très souvent du mépris
• Ceux qui… balek : ils n’ont pas essayés, ne sont pas curieux, mais s’y mettront quand ils n’auront plus le choix

Je pense que le raz de marée que j’imaginais au début va etre freiné par le groupe 2, jusqu’au “wahou moment” individuel. Ce “wahou moment” vient je pense, quand on prend le temps d’expérimenter (formation individuelle ou formation externe) et de comprendre comment utiliser l’outil. Et c’est là que la difficulté de réaliser de bon prompt rentre en jeu (sans compter l’essai de la version 3 sur un coin de table - tu vois c’est de la merde)

Fais moi une code review de ça n’est pas un bon prompt => il identifiera des points qu’un junior trouvera Fais moi le test unitaire de ce code n’est pas un bon prompt => il écrira des tests mais ils seront incomplets Ecrit un mail pour rencontrer le DSI de Carrefour n’est pas un bon prompt => le mail sera totalement nul sans aucun style autre que celui de GPT qu’on voit partout sur LinkedIN

L’autre frein : les données. Oui à l’heure actuelle il faut faire attention à tout ce qui est mis sur ChatGPT ou envoyé à l’API. Néanmoins, de ce que j’ai entendu, les commerciaux de chez Crosoft font le job en passant chez les grands groupes proposer l’intégration dans VsCode ou Office365 de GPT. De toute façon, de ce que j’ai lu, nous sommes à 1 an d’un chipset embarquant la puissance d’un GPT4 individuel, ce qui neutralisera ce point. Quand toute entreprise pourra faire tourner on premise des LLM pour pas cher, ce sera un endgame.

Impact

GPT et autre Barde ne vont pas remplacer les devs. Pour reprendre une analogie que nous avons faites avec Chris mon associé au reste de l’équipe, nous sommes (devs + tech) des tailleurs à l’aube de la déferlante du prêt à porter. On va produire vite, avec un niveau de qualité qui peut être assez élevé.

Et nous aurons toujours besoin de tailleurs pour des cas spécifiques et pointus ou pour créer les collections de PaP.

Et les prix du dev logiciel ? Je vous laisse poursuivre l’analogie avec le PaP. J’ai lu un tweet (évidemment perdu) sur une chose que je trouve assez vrai depuis 1 mois : nous rentrons dans l’ère du dev “jetable”, c’est à dire un dev spécifique répondant à un besoin très précis, qui n’aurait jamais été développé auparavant car trop cher pour ce périmètre limité.

Formation

Chez Coddity on a alerté tout le monde très vite. Nous prenons à notre charge les licences individuelles OpenAI et nous avons fait des ateliers de formation (sur un outil qui n’a même pas 3 mois !). Quelques chiffres : seulement 40% ont pris la licence (qu’on paye je le rappelle) et 25% ont souhaité participer à des ateliers de formation, on retrouve assez facilement nos 3 groupes cités plus haut.

En revanche, même si la percussion dans notre propre équipe n’est pas celle que nous attendions, tout ce travail d’expérimentation nous permet de créer deux offres de formation :

• une spécifique aux développeurs,
• une spécifique aux directions métiers : formation en promptologie (j’adore), et intégration avec un prototypage, avec une approche design sprint (et on sait que pour ces gens le “wahou moment” va être radical)

INSTANT PUB : si vous ne savez pas prompter et que vous pensez que se former est un investissement personnel et collectif intéressant et valorisable, CALL ME.

(*)Pour la petite histoire, l’application mobile que j’ai faite était au départ une application que je voulais dédier à des mairies : un simple flux d’actu à afficher, avec des données stockées sur Airtable. Je crois que c’était fait en 1 heure (la plupart des problèmes venant d’Expo et du merveilleux ecosystème JS et de ses incompatibilités). K’ai fait évolué au fur et à mesure : ajout d’un calendrier, controle de lecture, infos pratiques. c’est après que je l’ai faites évoluer pour être l’appli de ma boite en rajoutant le wiki interne, réglement intérieur, et surtout une authentification Oauth2. Au tal je pense que j’ai bossé 2.5j dessus. Si j’avais eu toutes les fonctionnalités en tête au moment du projet : 4h auraient suffit je pense.